Emmanuel Bouju
Il m’est devenu de plus en plus
difficile de croire que je m’en
sortirai à coups de devises,
de citations, de slogans ou d’aphorismes.Georges Perec
Au-delà des jeux para-oulipiens et ultra-érudits que manifeste cette con(si)stance littéraire, on aperçoit ici l’une des fins dernières de l’épimodernisme : par-delà sa mise en suspens postmoderne, reconquérir une cohérence du discours littéraire sans trahir sa profonde et nécessaire discontinuité, formelle et auctoriale ; ou pour le dire autrement, faire du partage de l’autorité, de la circulation des modèles, voire de la transfictionnalité1 les occasions nouvelles d’une cohésion interpersonnelle de l’écriture.
Car c’est l’un des enjeux les plus vifs des temps contemporains : apprivoiser l’espace virtuel de la circulation « en ligne » (ou plutôt « en réseau ») des données, définir des modalités d’échange littéraire et de lecture adaptées à l’hypertextualité (au sens numérique) la plus puissante – puisque c’est vers elle que se dirige notre culture rhizomatique du texte. Et ce, en courant le risque, ou la chance, de devenir une culture « illittéraire » de l’écran, pour reprendre l’idée introduite par Bertrand Gervais dans les Fragments d’un discours théorique.
Si des auteurs comme Mark Danielewski2 et Mark Amerika3 (le bien-nommé) ont déjà fait la démonstration de ce que peut être le profit de cette épilogie nouvelle4 , il reste encore à vérifier qu’elle permette tout à fait à la littérature de conserver sa consistency : une cohérence, une cohésion, une consistance, un esprit de suite épimoderniste, en somme. Et ainsi de faire des six valeurs de l’actualité du roman – Superficialité, Secret, Énergie, Accélération, Crédit et Esprit de suite – la démonstration de ce que peut valoir, encore, la littérature contemporaine.